J’ai plus de souvenirs et de sperme en moi que si j’avais mille ans
le gars bear mature de l’est de Sherbrooke proche de la sortie de la 610
le gars marié de Rock Forest dans le coin de Mi-Vallon
le gars à la grosse queue de je sais plus où
le gars qui travaille au public
le gars pas loin de chez moi
le gars en couple avec un autre gars (ça arrive)
le gars marié de Magog
le gars qui est venu me sucer un mercredi matin avant mon cours de création littéraire à l’Université de Sherbrooke
(comme dirait Tony le tigre la mascotte des Frosted Flakes : UN VRAI RRRRRRÉGAL!)
le gars qui est venu chez moi à mon ancien appart du 2575 Galt Ouest pour un trip un après-midi d’août
le gars qui reste sur la rue Marcil juste en face du lac des Nations
le gars qui s’était endormi chez sa chum de fille et qui est venu me piper en pleine nuit
le gars d’Ascot Corner qui m’a fait la grande demande
après que je l’ai vidé
tu es rendu
une genre de pute ?
non mon cher
je l’ai toujours été
de vous tous
je garde très peu de souvenirs
rien de très clair
quelques détails insignifiants
des peccadilles
la queue d’un tel est longue mince et molle
c’est rare
tel autre a une grosse bite dure
il porte une casquette et du vieux linge
je me lève aux aurores pour une fellation minute
tu passes avant ton shift à Waterville
toi tu arrives plutôt chez moi en pleine nuit
après ton quart d’infirmier au CHUS
tout le long tu me traites de grosse cochonne
et me parles de tes maux de dos
tu pars en m’ordonnant de rester discret
faut pas que mon chum le sache
je me rappelle vaguement d’un mec bedonnant
full canon
qui a trompé sa blonde avec une autre fille
faut que je fasse attention
c’est rendu qu’elle me watche pas mal
you bet choupinet
il y a aussi les flings sordides
et les mecs craignos
comme celui de la rue Glacière
il m’offre du jus
je prends rien
tu es venu
pour me sucer
ça fait que
suce
je m’active
devant la caméra
qu’il a laissée en marche
je lui demande
es-tu en train de nous filmer ?
il m’ordonne de partir
me dit qu’il est plus vraiment
dans le mood
pour se consoler
il publiera peut-être nos ébats
sur gaymaletube.com
who knows
David
beau grand barbu
tu reviens parfois me hanter
j’espère te revoir
toi aussi gars d’Ottawa
qui étudie maintenant en gestion de la santé à l’Université de Sherbrooke
ou peut-être pas
je peux rien affirmer
ou certifier
vos corps
vos sexes
s’entremêlent
à qui ce pénis qui me perfore
et me fait atrocement mal ?
est-ce au bonhomme qui veut déménager à Sainte-Catherine-de-Hatley ?
ou à l’agrès qui me tord les mamelons ?
parfois c’est un peu plus précis
mais pas de quoi rédiger mes mémoires de suçage
en territoire ennemi
ou mon autobiographie indécente
uniquement pour moi
je pense à toi
cher dude qui reste au coin des rues Bowen et Chalifoux
j’ai à peine le temps d’entrer chez toi
que tu baisses ton short sport
et sors ta queue
grosse
dure
prête
il faut jamais
faire attendre
les cadeaux de la vie
donc je me mets à genoux
la prochaine fois
j’apporterai des genouillères
il y a une grosse verrue
sur ton sexe
je me demande
si je vais attraper
l’herpès
comme tous les gars
tu es pas très long
à faire venir
ton sperme est clair comme de l’eau
et mousseux
j’avale
puis je me lève
sans dire un mot
je te salue même pas
je sors
te laisse dans ton bordel puant
avec ton chien qui hurle
après je sais pas quoi
je me souviens vaguement de toi aussi
chère épave de la rue Marquette
sur le net
tu as écrit que ta queue fait
9 pouces
cut
comme Judas
je suis incrédule
faut que je vois ça
en vrai
pour le croire
j’arrive à ton appartement
pas loin de la poissonnerie
tu empestes l’alcool
genre café rigolo
tout se passe
sans qu’on dise
quoi que ce soit
je t’aspire style Dyson
dans le salon
les rideaux de la fenêtre sont ouverts
au vu et au su
de tous
tous ces pouces de chair
dans ma bouche
c’est inouï
une bénédiction
un défi aussi
faire une bonne pipe
ça prend de la technique
faut pas frotter le gland avec les dents
faut pas trop mettre de salive
tu viens en criant
et moi
je viens près m’étouffer
à cause de ta décharge
qui me lève
le cœur
je suis seulement certain de deux choses :
-
vous ramez tous votre queue
dans ma bouche béante
-
l’un de vous m’initie aux trips dad/son
beaucoup s’assoient sur mon ventre
pour décharger sur mon visage
c’est plus confortable
et ça évite d’en mettre partout sur les draps
c’est tout
le reste
c’est flou
comme un lendemain de veille au rohypnol
voilà mon drame
qui est celui de toute slut :
à force de multiplier les hookups
on finit par oublier
les corps
auxquels on a été liés
ne serait-ce qu’un instant
ils nous disent plus grand-chose
nous parlent plus vraiment
on les confond allègrement avec d’autres
(à qui cette main ?
cette bouche ?
ce sexe ?)
pour les sluts
tous les corps
tôt ou tard
deviennent interchangeables
ces corps
qu’on a pourtant adorés
adulés
qui nous ont touchés
palpés
tenus dans leurs bras
traversés
aimés peut-être
aimés
aimés par qui ?
par quoi ?
par quelle sorte d’agrès ?
on se souvient jamais trop
sauf peut-être
de Mehdi
que j’ai fréquenté à deux reprises
et qui m’a ghosté autant de fois
méchant beau palmarès
tu es vraiment quelqu’un de bien
je veux pas te perdre
qu’il m’écrit un dimanche à 23h45
après avoir passé la journée au défilé de la Fierté
avec Félicia
son détestable chihuahua aux yeux globuleux
(a-t-on idée de s’acheter un chihuahua
et surtout
de l’appeler Félicia ?
étron électrique ça aurait fait pareil)
et moi
aussi imbécile heureux
qu’un livre rempli de pensées positives
et de béatitudes niaiseuses
je me laisse attendrir
sauf aussi de Juan
it’s mostly business
qu’il me répète
on s’est vu
trois fois
on n’a jamais passé
la nuit ensemble
mais cette semaine passée
sur Skype
il me garroche
comme ça
complètement out of nowhere
what about
we spend our lives together?
we could marry
and travel
se marier
avec un gars
qui m’est presque inconnu
qui m’appelle jamais
qui m’écrit sur Skype
seulement en cas de force majeure
par exemple quand il passe par les Cantons de l’Est
pour régler ses dossiers à Bishop’s
et qu’il a envie de se vider la poche
je vaux pas plus cher
parce que je dis
oui
tout le temps
oui
à tout ce qui est inconvenant
à tous les pas-de-classe
sauf à ceux qui veulent
m’épouser
dans le fond
j’aurais dû dire
oui
à ça aussi
de nos jours
c’est ce qu’on peut espérer de mieux
comme demande de mariage